J’ai réalisé un Erasmus+ de 12 jours au Portugal, à Montijo.

J’ai découvert Youth ID un peu par hasard, sur Instagram dans mes recommandations.

Cela m’a paru génial, une association pour les jeunes qui leur permet de réaliser une mission de volontariat à l’étranger sans débourser un seul centime. La première remarque que je me suis faite, fut : « pourquoi je n’ai pas connu ce compte plus tôt et pourquoi il y a si peu d’abonnés ?, Un maximum de jeunes devrait en profiter « .

Je me suis inscrite pour le projet « Gender Balance » dès la publication du post Instagram de Youth ID. Moins d’une semaine après, j’ai reçu une réponse. En m’inscrivant, je n’avais pas vraiment d’attentes, je ne savais pas réellement ce que j’allais apprendre, qui j’allais rencontrer, ni à quoi mes journées allaient ressembler.

Une chose était sûre, je voulais absolument y aller, c’était une opportunité en or. J’allais avoir la possibilité de partir à l’étranger, approfondir mes connaissances sur la question du genre et des médias, tout en partageant des bons moments avec des jeunes de mon âge, provenant de pays aux cultures et coutumes différentes des miennes. Nous étions au total 5 nationalités différentes.

Tchèque, Italiens, Portugais, Lettons, Turques et Français. Voilà un beau cocktail de diversité. Je ne connaissais absolument rien de la Lettonie ni de la République Tchèque, je n’étais jamais allé en Turquie ni au Portugal et hormis les pâtes et la pizza, l’Italie m’était complètement étrangère.

Avant notre départ, nous avons été mis en relation avec les coordinatrices : Mariana et Pinar, ce sont elles qui valident notre billet, à qui ont pouvaient poser des questions de logistiques, comme pour savoir s’il y avait une machine à laver à notre disposition ou une connexion Wi-Fi.

J’ai pris l’avion le lundi 1er septembre, à 17 h 30. À mon arrivée, la première chose qui m’a marqué fut la propreté du métro lisbonnais. De plus, il n’y a que 4 lignes.

Second choc culturel, les Lisbonnais font la queue pour attendre et monter dans le bus ! La serviabilité et l’hospitalité des Portugais m’ont tout de suite mis à l’aise, après une heure trente de transport (métro, bus) j’arrive finalement à 21h à Montijo. Le stress que j’avais accumulé dans le bus, car je ne savais pas où exactement descendre le disparu. Par la suite, j’appris par Mariana et par d’autres participants que le réseau de transport était peu développé à Montijo et qu’il était également difficile pour les touristes de le comprendre.

Je suis arrivée directement au restaurant, j’ai fait connaissance avec la team française, les autres jeunes, et les organisateurs. Une chose nous a permis tout de suite de briser la glace : la nourriture. La nourriture n’était pas mauvaise en soi, elle était juste peu goûtue. Ce n’était pas des plats typiquement portugais, excepté la « sopa », une soupe traditionnelle portugaise, qui nous attendait midi et soir, tous les jours. Tout au long du projet, ce fut un sujet longuement discuté.

Petit à petit, j’ai pris plus conscience du projet, j’ai discuté avec les autres participants qui pour beaucoup avaient fait d’autres projets, m’expliquant comment se déroule généralement un projet Erasmus +, je me suis très vite sentie à l’aise. La langue n’était pas un problème, notre niveau d’anglais n’était pas forcément le même, entre nous, mais avec un peu de mime ou de franglais, nous avons tous réussi à communiquer.

Le lendemain, donc le premier jour du projet nous avons été accueillis à la mairie de Montijo, c’est à ce moment-là que le projet est devenu plus concret, L’organisme s’est présenté et nous avons pu échanger avec d’autres acteurs internationaux de ce projet.

Nos premiers ateliers nous ont permis de mieux faire connaissance, de développer la cohésion d’équipe. Nous avons également partagé « nos attentes », » nos appréhensions » et « nos contributions ». Cela nous a permis de voir, que finalement nous avions à peu près toutes les mêmes appréhensions, ce qui nous a davantage rapprochés.

Pour la soirée interculturelle, nous nous sommes mises d’accord avant notre départ, avec les autres participantes françaises, sur quoi apporter (nourriture, tenue, boisson) , c’est à ce moment-là que je me suis questionnée sur mon « identité française », ma culture, ma langue, mon mode de vie (très parisien) étaient des choses tout à fait normales pour moi que j’avais intériorisées.

C’est lors de la première soirée interculturelle, que j’ai réellement pris conscience des différences entre la France et les autres pays. Cette différence ne nous a pas empêchés de devenir amis, au contraire. Au bout du deuxième jour, j’avais déjà l’impression de connaître tout le monde depuis des années, le plus étrange est que la notion du temps n’est pas la même, quand tu passes tes journées et tes nuits avec les mêmes personnes, les liens se créaient plus vite, mais cela peut paraître un peu routinier.

Qu’est-ce qu’être une femme ? Un homme ?

Qu’est-ce que le genre ? L’égalité ? L’égalité des genres ?

Est-ce que le genre définit-il l’orientation sexuelle d’une personne ?

Quels sont les stéréotypes type et les préjugés auxquels vous avez dû faire face ? Quels sont ceux que vous avez intériorisés ?

L’équité, est-il préférable à l’égalité ?

Qu’est-ce qu’un média ?

Toutes les questions qui nous ont été posées m’ont permis de me questionner sur ma place de jeune femme dans la société, de réaliser à quel point les médias contribuent au développement des préjugés et stéréotypes des genres. Nous en sommes aussi acteurs, depuis l’enfance nous avons fait face à des situations d’inégalités des genres qui en grandissant sont devenues des habitudes et des comportements intériorisés. Les ateliers proposés furent variés ; en groupe, en autonomie, en équipe de nationalité, etc. Aucun atelier ne fut présenté deux fois, en douze jours. Nous n’étions pas tous d’accord durant les débats, comme par exemple, quand nous avons abordé les questions sur la liberté d’expression sur les réseaux sociaux. Pouvons-nous tout dire, sur n’importe qui ? Malgré nos différentes positions face aux questions, à aucun moment, je me suis sentie mise de côté ou jugée pour mes idées. Les organisateurs avaient réussi à créer ce « safe place » qui nous permettait de nous exprimer sans problème durant toute la durée du projet.

Un des ateliers m’a beaucoup marqué, nous avons choisi un papier au hasard, qui allait définir notre rôle, il devait rester secret. Suite à cela, nous nous sommes tous alignés sur le même point de départ, on nous posait des questions, quand la réponse était oui, nous pouvions avancer d’un pas. « Pouvez-vous utiliser des toilettes publiques sans problème ?  » « Pouvez-vous voter ? »,  » Vous sentez-vous accepté dans la religion dominante de votre pays ? » A la fin, des questions nous nous sommes observés pour nous rendre compte de qui avait avancé ou non. Par la suite, nous avons essayé de deviner les rôles des autres. Certains avaient le rôle de l’homme blanc, issu de la classe moyenne. D’autres ont eu des rôles moins privilégiés; une transsexuelle mise à la porte par sa famille, ou une réfugiée enceinte, qui n’a pas les papiers. Mon rôle était celui d’un jeune fermier de 19 ans qui vit dans les montagnes avec sa famille à l’écart de la société. Cet atelier m’a fait prendre conscience de mes privilèges et de mes « non-privilèges ». Se mettre à la place de quelqu’un d’autre, est un exercice vraiment compliqué, mais qui m’a beaucoup apporté, j’ai réalisé que ce qui n’était pas un problème pour moi pouvait en être un pour les autres, en fonction de leur situation. 

La veille du départ fut plutôt triste pour moi, nous sentions la fin arrivée. J’étais bien évidemment heureuse de pouvoir retourner chez moi, manger un vrai croissant et déguster un bon repas français, mais tous les souvenirs présents dans cette petite ville à l’Est de Lisbonne allaient me manquer.

Je garde de très bons souvenirs de ce projet, de cette expérience, qui m’a beaucoup apporté tant dans ma vie personnelle, que professionnelle. Les locaux rencontrés, les organisateurs, les autres participants devenus mes amis, les débats, les dégustations culinaires, le Portugal et même la « sopa » sont des superbes souvenirs que je n’oublierai pas.

 

Grâce à YouthID, à Omnis Factum, aux bénévoles, aux locaux, aux participants et à l’union européenne j’ai eu la chance de vivre un beau projet à l’étranger.