Dans la vidéo…
Yoel Zirah s’apprêtait à expliquer « pourquoi et comment la société devrait percevoir la jeunesse non pas comme un âge mais une philosophie, un état d’esprit ? ». Sa réponse complète :
«La société devrait changer son interprétation de ce qu’est être jeune. Percevoir la jeunesse comme un âge est forcément considérer qui lui manque encore quelques années pour être intégrée dans le processus décisionnel. La plupart du temps, la jeunesse est abordée sous le prisme de ses difficultés ; le discours se focalise sur les jeunes qui sont perdus ou ont des problèmes. La jeunesse devient alors une période négatif à combler et non pas le début de rêves à réaliser. Nous avons besoin de considérer qu’être jeune n’est que le début du succès, et non pas un problème à résoudre.
Pour aboutir à ce changement de perspective, la solution finale viendra de l’intérieur ; non pas des médias, de la politique ou de l’éducation, mais des jeunes eux-mêmes. Afin de donner cette possibilité aux jeunes nous devons les coacher et leur faire comprendre qu’il n’ont pas à attendre que quelqu’un leur dise qu’ils sont déjà suffisamment doués pour parvenir à des postes plus importants. « C’est déjà esprit dans certains pays tels que les Etats-Unis, le Canada ou Israël. A Tel Avive, les jeunes sont formés pour saisir les opportunités et non pas les réclamer ! »
Quelle est le parcours de Yoel Zirah pour arriver à cette conclusion? Découvrons-le ensemble
Toujours remettre en cause ce qu’on apprend
Avant d’être co-fondateur de Zabilo, surnommé par certains médias comme « le petit frère israélien d’Amazon », Yoel Zirah a vécu en France jusqu’à 19 ans. C’est seulement après son lycée qu’il a décidé de venir en Israël. Pourquoi ? Tout simplement pour trouver des réponses ! Il voulait remettre en cause tout ce qu’il avait appris depuis son enfance. Toute sa scolarité se passa dans des établissements juifs où il apprit certaines valeurs comme la discipline ou la persévérance.
Cependant, il ressentait une certaine pression sociale. Il n’y avait un schéma de pensé unique : rationnel et sans risque. Les modèles de succès étaient les professions libérales tels que les avocats, médecins, notaires… Quand il décida d’aller à l’aventure en Israël pendant un an pour challenger ses connaissances, il était tel un OVNI dans sa classe et encore à l’heure actuelle de nombreuses personnes lui demande encore pourquoi il a fait ce choix ?
Certaines personnes ressentent le besoin de sortir de leur zone de confort
Yoel Zirah voulait sortir de sa zone de confort. Il aime définir l’entrepreneuriat comme une philosophie de vie. Bien sûr il comprend tout à fait que beaucoup d’autres n’éprouvent pas le même besoin, particulièrement en France. En effet, la culture française passe par des enseignements de « stabilité et ordre ». Pour preuve notre trésor national que tous les bacheliers étudient, Candide de Voltaire, « il faut cultiver notre jardin ». Cette métaphore est souvent enseignée comme épanouissement sans risque. Une très belle philosophie mais pas pour des entrepreneurs qui ont ce besoin de changement.
Beaucoup de gens après son lycée lui ont dit « tu es inconscient, tu vas aller dans un endroit que tu ne connais pas ? pour y faire des choses que tu ne maîtrises pas non plus ? ». Il répondait toujours «bien au contraire, je suis pleinement conscient de mon choix, l’inconnu est génial ». C’est pourquoi il pense qu’on peut être entrepreneur partout, peu importe son métier. Il s’agit juste de définir des objectifs et des techniques innovantes pour y parvenir. Le seul besoin : « connaître ce qui nous entoure ».
Prendre son temps pour découvrir « ce qui nous entoure et regarder dans son rétroviseur ».
Son succès entrepreneurial aurait été impossible s’il n’avait pas pris le temps pendant un an pour comprendre les cultures, les normes, les langues en Israël. Il est nécessaire de s’intégrer pleinement dans une société, surtout si c’est pour y faire des affaires. Dans chaque expérience il faut prendre un temps pour ralentir et regarder autour de soi. « Tout comme en conduite, il y a un temps pour regarder dans son rétroviseur et un pour la route, et il s’agit de le faire dans un certain ordre pour s’assurer une conduite prudente ».
C’est la même chose pour le succès, il est fondamental de bien synchroniser les moments d’apprentissage et ceux d’actions.
Israël, «la nation start up» ?
Même s’il avait déjà envisagé entrepreneuriat comme une possibilité professionnelle, il pense que c’est réellement son séjour en Israël qui lui a permis de se lancer. Et il n’est pas le seul à Tel Avive. Suite à de nombreux succès créés dans cette ville multiculturelle tels que PayPal, Waze, Fiveer … beaucoup ont défini Israël comme une “start up nation”. Les gens ici ne recherchent pas la stabilité ou la sûreté car ils ne peuvent pas les avoir. « ils ne recherchent pas le risque, il fait déjà partie intégrante de leur vie. Il est quasiment culturel ». C’est pourquoi ils grandissent dans une certaine philosophie, « chifsour » en hébreu : essaye de bricoler et créer ce que tu n’as pas.
Une philosophie aussi présente dans leur éducation. Dès la fin de leur lycée, tous les israéliens effectuent trois ans de service militaire obligatoire. Dans cette attente effrayante, l’enfance et l’éducation des parents sont tournés vers un « carpe diem » de la vie au cas où il se passerait le pire durant le service militaire. Ceci se poursuit aussi avec l’éducation supérieure basée sur un système de majeurs et mineurs en fonction de ses envies. Pour Yoel, être en licence de communication puis master conseil était compatible avec des mineurs sur « comment créer une application ?» ou des classes de « psychologie ». Un système éducatif qui n’a pas d’âge avec des étudiants de parfois 50 ans. Beaucoup reste dans une dynamique continue d’apprentissage ou n’hésite pas à recommencer de nouvelles études à l’âge adulte. Cette ambiance intergénérationnelle lui fut très utile pour apprendre à travailler ou même diriger des gens plus âgés que lui.
La jeunesse n’a pas d’âge en Israël
Pour Yoel, en Israël, la jeunesse dure plus longtemps qu’en France. Quand les gens sont incertains de leur future, ils n’hésitent pas à changer de vie. Un état d’esprit de survie qui te pousse à profiter de chaque instant peu importe l’âge.
« La jeunesse est un art et il n’y a pas d’âge pour être artiste » O. Wilde.
Même si la vie est très chère, les gens dépensent. Ils ne voient pas l’intérêt d’économiser quand tu ne peux avoir de projection stable et sûr. Une autre raison est la croyance dans les « licornes » ! Non pas ces animaux magiques mais les exemples à succès d’entrepreneurs qui ont gagné des millions. Donc beaucoup ne se considèrent pas comme « pauvres » mais plutôt comme « riche en devenir ». Ils espèrent tous qu’un jour leurs idées ou start up seront rachetées pour quelques millions.
Un exemple très récent : Intel qui rachète Mobileye pour 15,3 milliards.
Les Israéliens savent que leur pays n’est pas la première cible des multinationales. Israël est un marché instable et petit (8 millions d’habitants). Dans ces conditions pourquoi investir quand il reste encore de nombreux marchés bien plus stables et grands. Beaucoup d’entreprises préfèrent laisser des acteurs locaux essayer et les racheter en cas de succès. Ainsi Amazon n’est pas en Israël et Zabilo peut constituer son propre « centre commercial en ligne ». Un avantage mais aussi un risque : ils sont les premiers sur le marché sans savoir s’il est déjà mature – confère Ocean blue strategy. En Israël, les consommateurs achètent beaucoup sur internet mais quelques vendeurs ne s’y sont pas encore réellement mis.
Quelques clés du succès : « le multiculturalisme, le voyage et le travail d’équipe »
Israël est un pays multiculturel. Yoel a 3 cultures différentes (tunisiennes, française et israélienne). Rien de plus banal pour les israéliens : « 3 cultures est un minimum ici », souligne-t-il. Un multiculturalisme renforcer par un esprit de « routard ».
Les Israéliens sont les deuxièmes à voyager le plus (après les Français). Cela peut s’expliquer par leur 3 ans obligatoires d’armées. Beaucoup ressentent le besoin d’une pause après cette épreuve et beaucoup partent seul très loin, revenant plein de nouvelles idées. « Voyager est le meilleur moyen de rester humble, tu es obligé d’admettre que tu ne sais pas ». Pour Yoel Zirah, les professions libérales son d’ailleurs dangereuses sur ce point car souvent avec les titres tels que « docteurs ou professeurs on perd son humilité ».
Être humble est aussi fondamental pour le travail d’équipe. Le succès de Zabilo repose sur la complémentarité des 3 fondateurs. Certaines personnalités opposés peuvent créer de l’énergie créatrice. Ils croyaient tous en leur idée donc au lendemain du master de Yoel Zirah ils ont crée Zabilo. Comment ? Simplement avec « un contrat de bienveillance signé dans leur nouveau locaux – c’est-à-dire leur appartement à l’époque ! »
Et après ?
Aujourd’hui ils sont plus de 10, ils ont de vrais bureaux et ils sont rentables ! Ils souhaitent continuer à grandir. Actuellement l’âge moyen de l’équipe est de 24 ans et n’y voient pas de soucis. D’après lui, en Israël, être jeune n’est pas un obstacle tant que tu as de bons chiffres financiers pour convaincre. Cependant Yoel aimerait bien employer des gens plus âgés.
Il croit en l’efficacité des équipes intergénérationnelles.
Peu importe le futur, il insiste sur le fait qu’il est déjà fier d’avoir créer des emplois. C’est un réel plaisir de se dire « qu’on aide à payer la sécurité sociale ou la retraite de ses employées. Je suis fier de savoir que même si je suis jeune je suis capable d’avoir un impact positif sur la vie de certaines personnes. » Merci Yoel pour ta motivation, ton inspiration et ton aide pour découvrir l’originalité de la société israélienne.
Toujours convaincu que les jeunes ne peuvent pas occuper des fonctions importantes dans nos sociétés ?
Yes, IDecide!