Dans la vidéo de Malek Abualfailat…

Malek Abualfailat était sur le point de nous expliquer que « le renforcement de la jeunesse peut s’appliquer si l’on pense au changement que l’on peut apporter à son environnement et non être dans l’attente. Il faut étudier la situation dans laquelle on est. Par exemple, je suis un écologiste et un spécialiste de la gestion de l’eau; mais si je ne trouve pas d’emploi direct, je vais chercher et trouver une autre voie. Il faut s’adapter à la à la situation. C’est ce que j’ai fait et c’est pourquoi j’ai réussi. 
Le dernier challenge, auquel je fais fasse, c’est postuler aux “programmes Jeunes Professionnels” des organisations internationales. Si l’on vient de Palestine c’est pratiquement impossible d’y rentrer. »

C’est par son parcours inspirant que Malek Abualfailat est arrivé à cette conclusion. Découvrons le ensemble :

Être rusé pour son orientation professionnelle

Avant de devenir chargé de projet de l’une des plus importantes organisations écologistes du Moyen-Orient, Ecopeace, Malek Abualfailat a grandi en Palestine. Il a choisi d’étudier « la physique » dans l’université de Birzeit à Ramallah. Formé pour devenir un « bon prof », il a finalement choisi une autre voie : « la voie du changement ».Malek Abualfailat décida de s’engager dans un domaine où peu s’aventure alors qu’il est fondamental. Pour lui, ce secteur stratégique au Moyen-Orient c’était : « la gestion transfrontalière de l’eau et plus largement les problèmes autour l’eau ». C’était un choix de réorientation intelligent mais risqué. Il faut trouver le bon secteur et croire en soi-même.

"Be strategic in your professional orientation" Malek Abualfailat

Croire en soi-même parce que ce n’est pas facile au début. La plupart du temps en Palestine, lorsque tu es diplômés, trouver un emploi n’est pas chose aisée. Ainsi, la première mission c’est juste de trouver un emploi, même si ce n’est pas directement lié à ce que vous voulez. « J’étais pendant 2 ans dans le domaine de la recherche avec l’Autorité Palestinienne de l’eau. Même si tu n’est pas fan de ton job, comme c’était mon cas car c’était hiérarchique, je recevais seulement des ordres, il faut penser long-terme. Dans chaque expérience, il y a des rencontres déterminantes ». Chaque emploi est une bonne opportunité pour construire son réseau. C’est vraiment un point clé : utiliser tous les outils que l’on possède pour augmenter son réseau.

Utiliser tous les outils, même les plus rusés, comme vous glissez dans les endroits VIP où vous ne devriez pas être !

Parce que vous êtes jeune vous ne serez pas accepté partout, notamment les lieux les plus VIP, mais vous devez contester ce système. Soyez intelligent et essayer de trouver la « porte-arrière ». Pendant ses 2 ans dans le secteur public, Malek Abualfailat était partout : essayant sans cesse de rencontrer un maximum de personnes possibles pour étendre son réseau. Et c’est comme ça qu’il a trouvé une superbe opportunité à Ecopeace. Une organisation flexible qui lui a donné l’occasion de repousser de quelques mois sa prise de fonction afin de voyager. « De nombreuses opportunités internationales existent, autant les saisir pour rattraper son retard d’expériences ».

Partir à l’étranger et travailler dur

Malek Abualfailat partit un mois aux États-Unis dans le cadre d’une formation avec l’ambassade des États-Unis. Il en profita pour voyager à l’intérieur du pays. Il s’agissait du tout premier voyage de sa vie, sa première sortie hors de Palestine. Cette formation l’a aidé à développer ses compétences. Il recommande grandement ces formations pour « jeunes professionnels ». « Toutes les institutions internationales en proposent. Elles nous aident à rattraper notre retard en terme d’expériences ». En effet en tant que jeune on nous dit souvent « vous n’êtes pas encore assez compétent à votre âge. Vous manquez d’expériences… ». Est-ce faux ? En théorie non, il faut reconnaître que jeune va de pair avec manque d’expérience…. mais bon n’y-a-t’il que l’expérience à valoriser? N’a-t-on pas d’autres qualités? Et ce manque d’expériences n’est pas toujours vrai.

Effectivement, grâce aux échanges multiculturels et les voyages on peut rattraper notre « retard » d’expériences. De plus, « lorsque vous revenez dans votre pays, vous pouvez continuer à développer ce réseau international qui c’est ouvert à vous ». Maintenant que vous avez un réseau varié et étendu, utilisez-le. Même si vous n’est pas libre dans votre pays, comme ici en Palestine, vous pouvez continuer à apprendre et recevoir des aides à distances grâce aux nouvelles technologies ». C’est ce que Malek a fait par exemple avec le « Réseau Jeune de l’eau » basé aux Pays-Bas. Un pays exemplaire qui montre à quel point les réseaux de jeunes sont utiles pour la société si nous leur faisons confiance (voir l’infographie Youth National Council).

"catching up the delay" Malek Abualfailat

Rattraper son retard

D’après Malek, « on peut aussi rattraper notre retard plus rapidement si nous acceptons d’être des acharnés de travail comme je le suis. Lorsque j’entends « vous n’êtes pas compétent à votre age » je leurs réponds « si parce que je bosse 18 heures par jour. Lorsque les gens font 1 pas, j’en fais 3. Je rattrape mon retard. Mon ambition ne me fait pas compter mes heures de travail. C’est pourquoi j’ai eu une ascension rapide chez Ecopeace. J’ai commencé en janvier 2012 en tant que coordinateur de projet pendant 3 ans puis je fus promu directeur du centre Ecopeace dans la vallée de Jordanie, et ce pendant 2 ans. Aujourd’hui, Je suis à la tête du plus grand projet d’Ecopace : Good water neighbors project. »

Avec son équipe, Malek Abualfailat travaille avec l’ensemble des partis prenantes. Ils ont une approche ascendante (bottom-up) s’opposant à la dynamique descendantes (top-down) du système classique pour les problèmes transfrontaliers de la gestion de l’eau. Le projet concerne 11 bassins transfrontaliers et implique des jeunes volontaires, des adultes et des personnalités municipales sur 3 pays.

Son rôle leader dans l’ONG est fondamental car l’organisation Ecopeace est active sur plusieurs pays. Sans compter, les participants et les bénévoles, plus de 50 personnes travaillent à plein-temps et 100 personnes à temps partiels entre la Palestine, Israël et la Jordanie. « Je dirige 10 personnes, certaines plus âgées que moi , parfois jusqu’à 45 ans. Le budget de notre projet s’élève à plus de 2 million de dollars américains pour les deux prochaines années. Ce budget est réparti sur les 3 pays. »

Etre ambitieux : non pas par soif de pouvoir mais pour le changement

« Je suis un acharné du travail, non pas pour intégrer des positions à hautes-responsabilités, mais pour changer le système. Je veux faire une différence positive dans notre société. Avec des haute-responsabilités, vous avez une pression naturelle parce que les gens comptent sur vous, vous devez les aider. Aujourd’hui en Palestine, il y a un gros problème de chômage. J’essaye donc d’aider à mon échelle, lorsque je vois un étudiant pro-actif de mon ancienne université et que ce dernier ne trouve pas d’emploi, je sollicite mon réseau pour l’aider. »

"make a positive difference" Malek Abualfailat

Les jeunes, ou encore ce que Malek Abualfailat appelle les « jeunes professionnels », sont innovants. « Nous sommes si peu pris en compte que nous pouvons nous glisser partout, nous pouvons rendre l’impossible possible. Les jeunes professionnels devraient penser que tout est possible. Les gens aiment le changement – au moins au début – donc nous ne devrions pas avoir peur du changement. La jeunesse de Gaza l’a comprise, ils sont les seuls en Palestine à organiser des TED !

Un dernier mot de Malek Abualfailat pour la jeunesse

La problématique de l’intégration et la participation de la jeunesse dépend de 3 paramètres sur lesquels nous pouvons agir : soi-même + son organisation + son entourage. « Bien sûr, nous n’avons pas tous la même chance, certains de ces paramètres sont influencés par notre environnement externe. Cependant tout dépend de VOUS en priorité. Vous pouvez choisir d’être celui que VOUS voulez être, dans l’organisation où VOUS voulez travailler et choisir VOTRE entourage. Donc les jeunes devraient commencer par croire en eux puis ils deviendront tous des jeunes professionnels ».